Ma stratégie pour apprendre le japonais en autodidacte

Janvier 2016 : je suis gonflée à bloc, cette année j’ai prévu de faire mon premier voyage au Japon et j’ai bien l’intention d’apprendre les bases du japonais avant mon départ six mois plus tard. Le but est simplement de mieux appréhender mon environnement une fois sur place et d’échanger quelques mots en japonais.

J’ai donc mis toutes les chances de mon côté : achat de livres + application mobile.

Au début tout se passe bien : grammaire, vocabulaire, compréhension, je sens que j’apprends vite les premières leçons. Puis arrive l’étape de l’apprentissage des kanjis. Ok, pas de problème, je commence à apprendre les premiers mots. Mais très vite, je constate que si je veux poursuivre et comprendre toutes mes leçons de A à Z, il va falloir que je passe du temps sur le vocabulaire et notamment sur l’écriture. Pour bien mémoriser, je me dis qu’il faut que j’apprenne à écrire chaque kanji.

Finalement, et à mon grand regret, je n’ai pas su maintenir ce cap et me suis arrêtée au premières leçons…

Mon voyage a eu lieu, tout s’est bien passé, et j’étais quand même contente des quelques bases acquises.

Moralité : mon histoire est finalement très classique et n’importe qui pourrait s’y reconnaître : se lancer dans une nouvelle activité en étant plus motivé que jamais, apprendre les bases et commencer à procrastiner dès que ça demande plus d’efforts.

Alors comment faire pour garder sa motivation ?

De retour en France, je ne me suis pas tout de suite remis à l’étude du japonais. J’ai commencé à réfléchir à une stratégie et me suis renseignée sur les moyens d’améliorer ma mémoire et de faciliter mon apprentissage.

C’est ainsi que début 2017, je prenais un nouveau virage dans l’étude du japonais. J’ai bien sûr commis des erreurs mais petit à petit j’ai mis en place une stratégie valable sur le long terme. Cette stratégie je vous la livre maintenant :

ETAPE 1 : apprendre le vocabulaire japonais

N’avez-vous jamais ressenti la frustration quand vous lisez un document en langue étrangère (japonais ou autre) de devoir chercher les 3/4 des mots dans le dictionnaire ?

Quand on apprend seul, on a besoin de sentir que l’on progresse même un tout petit peu chaque jour. Sinon la motivation va baisser et personne ne sera là pour nous encourager.

Pour moi, le meilleur moyen de sentir cette progression c’est de commencer par apprendre des mots ! De cette manière il est très facile de quantifier nos progrès par rapport au nombre de mots appris.

Comment apprendre un mot japonais ?

Pour les mots qui contiennent des kanji, l’apprentissage va se faire en trois temps :

  1. Reconnaissance des kanjis
    • 1re approche : créer une image du kanji
    • 2e approche : décomposer le kanji en blocs et créer une histoire liant ces éléments
  2. Lecture des mots
  3. Mémoriser à vie !


1. Reconnaissance des kanjis

1ere approche : créer une image du kanji

Le ministère de l’éducation japonais considère que les japonais doivent connaître 2 136 kanjis en sortant du secondaire. Ils sont appelés jōyō kanji ou kanji à usage commun.

Comment reconnaître facilement un kanji ? En l’associant à une image !

  • L’idée est faire des dessins suffisamment simples pour permettre non seulement d’en déduire sa signification mais également l’écriture.
  • Chaque kanji sera étudié dans un mot.
  • L’image associée à un kanji pourra ainsi être différente suivant le mot à apprendre.

Exemple : la montagne

Bien sûr il s’agit d’un exemple facile. Mais bonne nouvelle, l’un des objectifs de ce blog est de vous proposer une image pour chaque kanji !

2e approche : décomposer le kanji en blocs et créer une histoire liant ces éléments

Un kanji comme celui-ci 薬 paraît difficile à retenir ?

Regardons-le de plus près :

Ce kanji peut être décomposé en plusieurs blocs qui vont faciliter sa compréhension et donc sa mémorisation.

Arbre + herbe + blanc + eau = médicament

Pour retenir, on peut se dire qu’un médicament est fait à base de plantes et d’eau et on peut même imaginer un cachet blanc qui “brille” au milieu de la nature (herbe+ arbre)

D’un seul coup ça devient plus parlant !

On peut ainsi en déduire que les kanji ne sont rien d’autre qu’une combinaison d’éléments graphiques.

On peut ainsi en déduire que les kanji ne sont rien d’autre qu’une combinaison d’éléments graphiques.

Les japonais en dénombrent traditionnellement 214 et les appellent 部首 /bushu/. En français nous les traduisons par clé ou radical.

Ces radicaux sont dans la plupart des cas des kanji basiques et leurs dérivés. Les japonais s’en servent pour classer les kanji dans le dictionnaire1.

Les kanji sont donc « fabriqués » à partir de 214 radicaux avec un radical principal pour la recherche dans le dictionnaire.

Dans l’exemple ci-dessus le radical sera « herbe ».

En réalité ces deux approches se rejoignent : en effet, pour les kanji les plus complexes, il suffira parfois de le décomposer en kanji basiques et d’utiliser les images déjà créés pour ces kanji.

2. Lecture de mots

L’une des difficultés du japonais est qu’il faut non seulement apprendre à reconnaître les kanji mais également leur lecture qui peut différer d’un mot à l’autre.

Exemple : le kanji grand 大 se lit おお(oo) ou だい(daï).

On peut très bien tenter d’apprendre chaque lecture par cœur mais ce serait long et fastidieux. Que faire alors?

une association mnémotechnique!

  1. On prend le mot en japonais et on réfléchit à quoi ça peut nous faire penser en français.
  2. On associe ce mot avec la traduction française

Si l’on reprend l’exemple de “yama” qui veut dire la montagne.

J’essaie de trouver à quoi yama peut me faire en penser en français. Je trouve le mot « amas ».

Et là j’imagine un amas d’ordure aussi grand qu’une montagne !

Normalement notre cerveau fait le reste et est capable de retrouver la lecture.

Parfois l’association sera évidente ou facile à trouver. Mais dans la plupart des cas, la lecture n’aura rien à voir alors comment faire ?

Le cerveau retiendra plus facilement s’il s’agit d’une image forte c’est-à-dire une image absurde ou irréelle faisant appel à nos émotions.

3. Mémoriser à vie!

Il ne reste maintenant plus qu’à nous assurer de retenir tout ça sur le long terme. C’est la phase d’ancrage !

Pour cela il suffit d’avoir les bons outils. Et justement, ces dernières années ont été marquées par l’émergence de logiciels de répétition espacée ou SRS (Spaced Repetition System).

De quoi s’agit-il ?

Il s’agit de logiciels que l’on peut télécharger sur son smartphone et dont la fonction est de planifier nos révisions pour nous !

Le principe est de créer un jeu de cartes sur lesquelles on indique d’un côté une question et de l’autre côté la réponse.

Ces logiciels s’adaptent particulièrement bien à l’apprentissage du vocabulaire.

Exemple de logiciels de SRS: Ankidroid, Quizlet

Comment ça marche ?

Le logiciel suit le principe de la courbe de l’oubli (voir ci-dessous) introduite par le psychologue allemand Hermann Ebbinghaus.

Ebbinghaus a été le premier à étudier le fonctionnement de la mémoire avec une approche scientifique2

Il a pour cela effectué des expériences sur lui-même et fait une analyse mathématique des résultats.

Par ces expériences on comprend alors qu’oublier est inévitable et qu’il faut mettre en place une stratégie pour retenir efficacement.

L’objectif est donc d’optimiser la durée de l’apprentissage.

Le logiciel de SRS va nous proposer le plus souvent ce que nous avons du mal à retenir et va espacer les révisions dans le temps3.

Ainsi nous ne révisons que lorsque c’est nécessaire ! C’est la méthode d’économie au réapprentissage.

En résumé:

Astuces mnémotechniques + utilisation logiciel SRS = mémorisation à vie !

ETAPE 2 : apprendre la grammaire

Ça y est ! Le premier objectif est atteint ! nous connaissons à présent quelques centaines de mots. Il est temps maintenant de mettre la « glue » qui viendra lier tout ça, la grammaire!

Pour cette étape, j’ai simplement l’intention de tester diverses méthodes et de donner un avis détaillé sur le blog.

Pour compléter les livres de grammaire il pourra être intéressant de se procurer :

  • un livre des expressions japonaises courantes
  • un dictionnaire unilingue une fois les bases acquises

ETAPE 3 : Pratiquer, pratiquer, pratiquer!

A l’ère d’internet, plus d’excuses ! Il existe des milliers de façon de pratiquer une langue en voici quelques-unes :

  • Regarder des vidéos (animes, YouTube…)
  • Astuce : diminuer la vitesse de lecture par 2 pour faciliter la compréhension

  • lecture : mangas ou autre par exemple des contes pour enfant
  • chercher un correspondant japonais avec lequel on garde le contact pour passer au-delà des simples phrases de présentation
  • si c’est possible on peut également adhérer à une association franco-japonaise pour rencontrer des natifs 🙂
  • rencontrer des personnes qui apprennent aussi la langue et faire des sessions de discussion en japonais
  • si on veut se mettre dans un mode plus immersif : mettre son téléphone ou ses applications préférées en japonais

Objectif Kanji va se concentrer au départ sur l’étape 1 mais vous vous en doutez, le blog évoluera avec mon niveau en japonais et vous aurez le plaisir (!) de voir d’autres types d’articles par la suite.

Si vous souhaitez faire partie de l’aventure, abonnez-vous pour ne manquer aucun des prochains articles !

Laura

  1. Jōyō kanji as core building blocks of the Japanese writing system: Some observations from database construction T Joyce, H Masuda, T Ogawa Written Language & Literacy 17 (2), 173-194
  2. LA VIE ET L’OEUVRE D’HERMANN EBBINGHAUS https://sites.google.com/site/hermannebbinghaus18501909/home/biography
  3. Ankidroid : https://apps.ankiweb.net/docs/manual.fr.html
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